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Dictionnaire
universel des Arts et Metiers (1835). 
Ce métal fut découvert en 1787 [dans le
texte] par Klaproth, qui le reconnu en examinant
un minéral désigné sous le nom de Pechblende,
provenant de la mine de Johangeorgenstadt, en Saxe.
Ce chimiste l’avait obtenu à l’état métallique,
par la calcination de l’oxyde dans un creuset brasqué. Ce produit
n’était pas fondu, et contenait probablement du carbure d’urane,
mais il offrait une masse poreuse ayant l’apparence métallique
du fer.
M. Bucholz,
en traitant l’oxyde par le charbon, obtint aussi une masse grisâtre
et d’un faible état métallique.
M. Arfwedson
de son côté et M. Lecanu,
en même temps, ont réduit l’oxyde d’urane par le
gaz hydrogène, à la température rouge. La réduction
s’opère facilement et avec ignition. Pour savoir si le produit
était de l’urane métallique, Arfwedson a cherché
à l’obtenir avec des composés ne contenant pas d’oxygène
: il y est arrivé en décomposant par l’hydrogène,
le chlorure double d’urane et de potassium. La décomposition
est imparfaite ; une portion de l’urane se réduit ; mais il
reste beaucoup de chlorure d’urane avec le chlorure de potassium.
Ainsi obtenu, l’urane est en grains octaèdres réguliers
gris foncé, et d’un état métallique ; à
la loupe, ils paraissent un peu transparents vers les bords. Leur couleur
parait d’abord d’un brun rougeâtre ; leur poudre a la
même couleur.
Berzelius obtient ce métal en chauffant l’oxalate neutre d’urane
en vase clos ; il se dégage de l’acier carbonique.
L’urane s’obtient donc facilement à l’état
métallique ; mais son infusibilité ne permet pas de le réunir
en culot. Il est un peu transparent, très combustible, brûle
à l’air à la chaleur rouge, et se transforme en protoxyde.
À la température ordinaire, l’air, même humide,
exerce peu d’action sur lui. L’acide sulfurique et hydrochlorique
ne l’attaquent pas; l’acide nitrique et l’eau régale
le dissolvent facilement, et le portent au maximum d’oxydation. La
dissolution dans l’acide nitrique est très rapide, parce que,
de tous les métaux, c’est celui qui exige le moins d’oxygène.
Il ne décompose pas l’eau pure, mais à l’aide
d’un acide cette décomposition s’effectue.
On connaît cinq minerais d’urane au moins :
1°. L’oxyde noir (pechblende) ;
2°. L’hydrate de deutoxyde ;
3°. L’uranite jaune ou phosphate
double d’urane et de chaux ;
4°. Le chalkolite ou uranite
vert (phosphate double d’urane et de cuivre) ;
5°. Une combinaison d’urane et d’acide tantalique.
On rencontre aussi du sulfate de deutoxyde.
Protoxyde
d’urane.
Il se présente sous forme pulvérulente, quelquefois cristalline,
gris noir avec un aspect métallique, s’il a été
fortement chauffé. Réduit en poudre, il est verdâtre.
Il est infusible ; calciné, il se dissout difficilement dans l’acide
sulfurique et hydrochlorique étendus d’eau ; mais il se dissout
complètement dans ces acides concentrés à l’aide
de l’ébullition. Il se dissout facilement dans les acides
oxygénants. L’hydrogène sulfuré le réduit
à l’aide de la chaleur ; il n’en résulte pas
un sulfure ; mais il se forme de l’urane métallique, de l’eau
et de l’acide sulfureux avec un petit dépôt de soufre.
Le potassium le réduit. Le protoxyde d’urane ressemble beaucoup
au métal, se comporte comme lui avec les acides et les corps oxygénants.
L’hydrate de protoxyde est vert grisâtre, floconneux. Il absorbe
aisément l’oxygène de l’air, et devient jaune
en passant à l’état d’hydrate de deutoxyde.
Bouilli dans de l’eau privée de l’air par l’ébullition,
il abandonne son eau, alors il se dissout plus difficilement dans les
acide oxygénants, et il est presque insoluble dans les autres.
C’est l’oxyde métallique le moins oxygéné.
Il contient :
1 at. Urane |
2712 |
96,42 |
1 at. Oxygène |
100 |
3,58 |
|
2812 |
100,00 |
On le prépare en calcinant l’urane très divisé
au contact e l’air, ou même de l’oxygène : l’oxyde
formé est toujours du protoxyde.
Peroxyde
d’urane.
Ce peroxyde joue le rôle de base et celui d’acide. Sa tendance
à s’unir aux bases et à se combiner avec les acides
est telle qu’il est presque impossible de l’obtenir isolé
par précipitation ; il se réduit d’ailleurs si facilement
qu’on ne peut pas le préparer par la décomposition
de son nitrate, de son carbonate, ni même de son hydrate.
L’hydrate auquel il donne naissance est d’un jaune foncé
très éclatant. On l’obtient en exposant à l’air
de l’hydrate de protoxyde bien lavé d’abord avec de
l’eau bouillie. Si on lavait celui-ci avec de l’eau aérée,
avant qu’il ne fût soustrait à la présence de
l’excès d’alcali précipitant, on aurait un uranate
alcalin mélangé à l’hydrate de peroxyde. En
précipitant par une base une solution de peroxyde d’urane,
on n’obtient pas un hydrate, mais un uranate de cette base.
L’hydrate de peroxyde ne donne pas de peroxyde par la calcination
à la chaleur rouge : il passe à l’état de protoxyde
; à plus forte raison, au rouge-blanc. Il se combine bien avec
les acides et forme de très beaux sels doubles avec les bases alcalines.
À l’état d’hydrate il absorbe les alcalis, et
forme avec eux des sels d’un très beau jaune. Ces uranates
ressemblent à l’hydrate pour la couleur et l’aspect.
Ils ont la propriété de passer au travers des filtres quand
on les lave avec de l’eau pure. Aussi, dans les analyses, emploie-t-on
des solutions de sel ammoniac pour les lavages, et cependant on perd toujours
une portion du peroxyde d’urane.
L’hydrate du peroxyde d’urane est soluble dans les carbonates
alcalins et mieux dans les bicarbonates. Quand les solutions sont concentrées,
elles laissent déposer des cristaux de carbonate double, qui ne
se re-dissolvent pas aisément. Celui d’ammoniaque ne se dissout
même qu’à l’aide d’un grand excès
de carbonate d’ammoniaque. Une solution d’urane dans le carbonate
d’ammoniaque est décomposée en partie par l’ébullition
et laisse un dépôt jaune de sous carbonate d’urane
et d’ammoniaque.
Le peroxyde d’urane contient :
2 at. Urane |
5424 |
94,93 |
3 at. Oxygène |
300 |
5,27 |
|
5724 |
100,00 |
Cet oxyde s’unit à la silice et forme des silicates doubles,
d’une couleur topaze ou jaune orangé. Il donne cette dernière
couleur à la température des moufles à porcelaine
; chauffé davantage, il devient brun, puis noir. Pour obtenir un
noir parfait, on y ajoute une couleur bleue, celle de cobalt, par exemple.
On emploie en Allemagne ce peroxyde dans la peinture sur porcelaine ;
en France on s’en est peu servi, soit qu’on ait trouvé
la couleur capricieuse, soit que son prix ait paru trop élevé.
C’est une belle nuance.
L’hydrate de peroxyde se rencontre dans la nature. Il est rare et
paraît provenir de l’altération du pechblende par l’air.
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