|
|
Rapport contenant la proposition de divers prix relatifs aux perfectionnements à apporter
dans l’art du verrier.
L’industrie française si perfectionnée, si avancée
en tout ce qui concerne les arts chimiques, laisse à désirer
sur plusieurs points très essentiels de la fabrication du verre,
et se trouve devancée à cet égard par quelques fabriques étrangères.
Votre Comité des arts chimiques a pensé qu’il était
de son devoir d’appeler sur ces points l’attention de la Société et
celle des fabricants français ; il a donc l’honneur de vous proposer
de décerner les prix suivants en 1838 et 1839.
Prix à décerner en 1838 :
Prix
pour la fabrication du verre teint dans la masse ou du verre à deux
couches.
Les efforts de la manufacture royale de Sèvres et de la verrerie de
Choisy pour ranimer en France le goût de la peinture sur verre ont eu
déjà des résultats heureux, quoiqu'ils datent à peine
de quelques années.
Mais toute l'habileté du peintre sur verre ne saurait suppléer
ni au verre blanc peu fusible, ni aux verres teints dans la masse ou à deux
couches, qui ne peuvent se fabriquer que dans les verreries.
On fabrique maintenant en France des verres de ce genre, mais peu, et on ne
livre au commerce qu'un petit nombre de nuances. A cet égard, les verreries
allemandes sont plus avancées que les nôtres, et fournissent au
commerce des verres de nuances plus variées. Ainsi, on trouve en Allemagne
des objets en verre à deux couches, dont la belle couleur rouge de groseille
n'a jamais été obtenue par nos verriers. Cette couleur paraît
due à l'emploi du sulfure d'or à très faible dose. On
y voit dans le commerce un verre purpurin teint dans la masse, du plus bel éclat,
et qui paraît coloré par le cuivre. De même on y rencontre
des objets de gobeleterie en verre pourpre à deux couches, dont la couche
pourpre est formée de cristal ordinaire coloré par du protoxyde
de cuivre. En France, on fait des vitres pourpres, mais on n'a pas fait de
gobeleterie de ce genre.
La Société d'Encouragement propose un prix de la valeur de trois
mille francs, qu'elle décernera en 1838, au verrier français
qui justifiera avoir livré au commerce des verres teints dans la masse
ou des verres à deux couches, sous forme de vitre, de manière à satisfaire
aux besoins du peintre sur verre, ou sous forme de gobeleteries comparables
, pour la beauté et le nombre des nuances, à celles que les verreries
de la Bohème fournissent et dont il existe une belle collection réunie
par les soins éclairés de M. BRONGNIART, à la manufacture
royale de Sèvres.
Il y a lieu de croire que les recettes d’Haudicquer de Blancourt seront
consultées avec profit par les concurrents.
Quelques faits autorisent à penser que la coloration du verre peut se
faire, en certains cas, par une sorte de cémentation.
Le contours restera ouvert jusqu'au 31 décembre 1837.
Le prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance générale
du 2e semestre 1838.
Prix
pour la peinture ou la décoration des objets de gobeleterie.
Les verreries de la Bohême livrent au commerce des objets de gobeleterie
décorés de couleurs vitrifiées qui sont appliquées à la
moufle et dont le glacé, la transparence, la pureté et la solidité ne
laissent rien à désirer.
Celte industrie est nouvelle pour la France qui, privée du verre peu
fusible qui en est la base, n'a pu s'en occuper jusqu'ici.
Indépendamment du verre résistant au feu qui doit servir de point
de départ à celte fabrication, il reste encore, pour la naturaliser
dans notre pays, à découvrir les moyens propres à appliquer
sur ce verre les divers oxydes colorants, ou la dorure d'une manière
solide, éclatante et économique.
La Société d'Encouragement propose, en conséquence, un
prix de la valeur de trois mille francs, qu'elle décernera en 1838,
au verrier français qui justifiera avoir livré au commerce des
objets de gobeleterie décorés de couleurs de moufles, capables
de supporter, sous tous les rapports, la comparaison avec les objets sortis
des fabriques de la Bohème. Leur prix ne devra pas s'élever de
plus de 33 pour 100 au dessus des prix des verreries de la Bohème.
Pour fixer les idées des concurrents, la Société prendra,
pour terme de comparaison pour juger leurs produits, la collection authentique
recueillie sur les lieux de la fabrication par M. BRONGNIART, et réunie
par ses soins à la manufacture royale de Sèvres.
Le concours restera ouvert jusqu'au 31 décembre 1837.
Le prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance générale
du 2e semestre de 1838.
|
|