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Verres et cristaux de couleur.
 

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Savoir

 

     
   
Extrait de "Douze leçons sur l'Art de la verrerie". Paris - 1862.
Par M. E.M. Peligot, Membre de l'Institut,
Professeur au Conservatoire impérial des Arts et Métiers.
   
         
    Information importante. Le texte qui suit est retranscrit tel qu'il est paru à l'époque.
Résumé de la fiche. Les points importants du texte.
   
   

 


La fabrication de ces produits de luxe, longtemps confinée en Bohême, a pris un grand développement dans les usines françaises depuis 1837, époque à laquelle des prix pour la création de ces produits ont été offerts, sur la proposition de M. Dumas, par la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale.
Ces prix ont été remportés par MM. de Fontenay et Bontemps.
Le verrier possède aujourd'hui une palette aussi variée et aussi riche que celle du peintre, et il n'existe pas de couleur et même de nuance qu'il ne puisse produire à volonté.
Le verre dissout la plupart des oxydes métalliques, et prend avec quelques-uns des colorations qui n'altèrent pas sa transparence, et qui rappellent souvent la couleur des sels cristallisés formés par ces oxydes. Quelques centièmes d'oxydes, quelquefois beaucoup moins, suffisent pour colorer le verre. Indépendamment des oxydes de cobalt, de manganèse, de cuivre, de fer, d'uranium, d'antimoine, de chrome, d'autres substances, notamment l'or et l'argent, le charbon et le soufre, sont des matières colorantes pour le verre.
On distingue, comme pour les verres à vitre de couleur, les verres teints dans la masse et les verres doublés ou à deux couches. On fait, de plus, des verres à trois et à quatre couches superposées, dans le but d'enlever ensuite par la roue de tailleur une partie de chacune de ces couches, et de produire ainsi des effets de coloration très variés. Ces mêmes verres, dont la masse principale est incolore ou colorée, ou bien en verre d'albâtre blanc ou de diverses nuances, peuvent en outre recevoir de la dorure et de la peinture avec des couleurs de moufle. On voit combien sont grandes les ressources dont le verrier peut disposer pour obtenir ces produits de luxe et de fantaisie.

J'indiquerai sommairement les moyens de produire les principales colorations.

Verres et cristaux bleus. On ajoute à la composition 1 à 3 pour 100 d'oxyde de cobalt. L'addition de l'oxyde de manganèse donne une nuance plus violacée.

Violet. Cette couleur se produit avec 2 à 7 pour 100 d'oxyde de manganèse et 1 pour 100 d'oxyde de cobalt.

Bleu céleste. On ajoute 1 pour 100 de bioxyde de cuivre à du verre ou à du cristal riche en alcali. Si le verre est très siliceux, la couleur est verte.

Vert émeraude. Cette coloration est fournie par 2 ou 3 dix-millièmes de sesquioxyde de chrome. Cet oxyde n'est dissous par le verre qu'en très petite quantité.

Vert bouteille. On se sert des battitures de fer, dont on ajoute 4 à 8 pour 100 à la composition.

Jaune. 4 à 5 pour 100 d'oxysulfure d'antimoine, et 1 millième de pourpre de Cassius, fournissent le jaune topaze; on obtient aussi cette nuance avec les peroxydes de fer et de manganèse; si ce dernier oxyde prédomine, la teinte vire au brun violacé ; avec l'oxyde de fer employé en plus grande quantité, on a le jaune d'or. Les tubes de verre, qui, filés à la lampe d'émailleur, donnent les fils servant à tisser des étoffes de soie et de verre qui ressemblent aux brocarts d'or, sont colorés par ce mélange.
Le sesquioxyde d'uranium donne au verre une belle couleur jaune avec reflets verdâtres (verre dichroïde); cette couleur est la même que celle de l'azotate cristallisé formé par cet oxyde. Pour la produire, on ajoute au verre (exempt de plomb) 2 à 5 pour 100 d'uranate de soude ou d'ammoniaque. L'oxyde d'uranium, qu'on emploie beaucoup en verrerie, sert à colorer le verre transparent et le verre d'albâtre; avec l'oxyde de cuivre la teinte devient jaune-verdâtre.
Le jaune plus ou moins orangé, ou tirant au brun, est fourni par le charbon très divisé ou la fumée qui résulte de l'introduction de l'écorce de bouleau ou de la corne dans la matière en fusion; celle-ci est, bien entendu, du verre non plombeux. L'argent donne, à la température du moufle, une belle coloration jaune-orangé. On l'applique au pinceau sous forme d'une bouillie claire formée de chlorure ou d'oxyde d'argent, de colcotar ou d'argile délayés dans l'essence. Quand la pièce a été cuite au moufle, on enlève à la brosse la poudre d'oxyde de fer ou d'argile qui reste sur le verre. Les verres les plus siliceux, les moins fusibles, notamment les verres de Bohême, sont ceux qui prennent le mieux cette couleur.

Rouge et rosé. On fond dans un petit creuset du cristal ordinaire avec addition de 1 millième d'or à l'état de chlorure. Le cristal présente l'aspect du cristal ordinaire; il a seulement une teinte un peu bleuâtre. On le coule en plaques. On fait, d'autre part, une paraison de cristal ordinaire à laquelle on fait adhérer un petit fragment de cristal aurifère; en ramollissant ce verre à l'ouvreau, sa couleur rouge se développe; on le rabat avec les fers, on l'étend et on l'égalise sur la paraison. On a cueilli, avec une autre canne, du cristal ordinaire dont on fait une paraison sur laquelle on fait adhérer celle à deux couches qu'on vient de faire, après qu'elle a été convenablement ramollie. On étend cette dernière sur la nouvelle paraison, et on la rabat comme un champignon, avec les pinces. On a ainsi une pièce composée de trois couches de verre; la couche centrale est aurifère. Cette pièce est alors terminée par les procédés ordinaires. En opérant ainsi, la couche d'or se trouve garantie d'une fusion qui amènerait l'or à l'état de petits globules offrant l'aspect métallique. Dans le but d'obtenir le même retrait, on se sert de cristal ayant la même composition. La pièce est d'une belle couleur rouge-groseille ou rosé, selon que la quantité de cristal aurifère est plus ou moins considérable. L'or s'y trouve, dans tous les cas, en quantité extrêmement petite. Par la taille, on entame plus ou moins la couche aurifère, et on obtient ainsi des cristaux blancs avec dessins rouges ou rosés. On produit également la couleur pourpré en appliquant au pinceau sur des verres très siliceux, sans plomb, du bioxyde de cuivre très divisé. Le carbonate de cuivre ou l'oxyde bleu hydraté, dont j'ai fait connaître récemment la préparation, conviennent très bien pour cet usage. On ajoute quelquefois du fer métallique ou des battitures porphyrisées. Ces verres sont chauffés dans un moufle, au milieu d'une atmosphère réductrice. Il se développe, à la surface des pièces, une belle couleur pourpre qui rappelle celle des vitraux. Cette même coloration peut être produite également avec du verre à deux couches, travaillé comme le verre à vitre pourpre dont j'ai parlé précédemment.

Verre noir. Cette couleur résulte d'un mélange d'oxydes de cuivre, de cobalt et de fer. On l'obtient aussi au moyen du soufre introduit en nature dans la composition. Le verre hyalithe qu'on fait en Bohême est ainsi coloré. On ne peut pas dire exactement le rôle que joue le soufre pour produire cette coloration ; elle est peut-être due à la formation d'un sulfure.

 

   
     
   
     
Approfondir le sujet.Pour en savoir plus :

La Société d'encouragement pour l'industrie nationale
Objectifs et fonctionnement par M. J. RADU (1886)
Coloration du verre et du cristal par M. A. SAUZAY (1868)
Le verre de Bohême par M. GODARD (1861)
   
           
           
           
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