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L’organisation de l’industrie des cristaux en Angleterre
est complètement différente de celle des cristalleries françaises,
et se rapproche beaucoup plus de celle ne nos verreries communes.
La gobeleterie (“gobletterie” dans le texte) en verre n’est
pas dans les usages anglais. Les ménages les plus pauvres comme
les maisons les plus riches ne se servent que de cristal; l’équivalent
de notre fabrication de verre commun se fait avec cette matière.
Il existe, dans ce pays, environ quatre-vingts cristalleries renfermant
de cent à cent vingt fours, et mettant dans le commerce une valeur
d’au moins quarante millions de cristal. La consommation intérieure
n’absorbe pas la moitié de cette valeur; le reste est destiné
à l’exportation, et préparé en raison des besoins
et des usages de chacun des peuples avec lesquels l’Angleterre a
formé ses nombreux comptoirs.
La plupart de ces établissements sont montés fort simplement,
comme beaucoup de nos verreries communes, avec peu de capitaux et peu
de frais généraux. Ils achètent leurs matières
premières toutes préparées dans des fabriques spéciales,
qui ne s’occupent que de cette manipulation, et pour lesquelles
le grand nombre des petites cristalleries forme une clientèle importante.
Un maître réunit quelques ouvriers; il est quelquefois lui-même
son premier ouvrier: il construit un four près des houillères
inépuisables de Newcastle ou de Birmingham; il achète des
matières premières à crédit, commande quelques
moules s’il veut faire de la moulure, et fait le cristal courant
presque sans autres frais que le prix du combustible, de la matière
première et de la main-d’oeuvre.
Si ses cristaux doivent être taillés, il les vends à
des entrepreneurs qui font de la taille une industrie séparée
: ses cristaux destinés à l’exportation sont vendus
à des maisons puissamment organisées pour le commerce à
l’étranger. Chaque fabrique, en raison de ses dimensions
restreintes, comparées à l’importance de ce commerce
en Angleterre, peut ainsi se renfermer dans un genre particulier de fabrication,
t acquérir une grande habilité, et être toujours assurée
d’en trouver le débouché.
Cette organisation n’offre pas au producteur de grandes chances
de bénéfices, mais elle le met à même de produire
à des prix très bas, dont la concurrence intérieure
et le besoin de vendre ne lui permettent pas de conserver l’avantage.
Il y a en Angleterre des fabriques de cristaux plus importantes et plus
complètes, particulièrement celles qui se livrent à
la production des cristaux de luxe proprement dits, dans lesquels elles
ont conquis une supériorité incontestable; mais la cristallerie
anglaise est au moins aussi redoutable par ses petites fabriques que par
ses grands établissements.
Nous allions clore l’article relatif à l’Angleterre
lorsque M. J. Labarte qui, par ses consciencieux travaux ne laisse plus
rien de neuf à dire, nous apprit que l’introduction du verre
qui manquait pendant tout le moyen âge en Angleterre y avait été
introduit par un certain Cornélius de Lannoy qui, appelé
à Londres par la reine Elisabeth, fabriqua le premier quelques
ouvrages en verre. Suivant le même savant, ce serait encore sous
le même règne que Jean Quarre, originaire d’Anvers,
accompagné d’ouvriers de son pays, y établit une manufacture
dans le genre de celles qui existaient déjà en France.
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